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Zoom Afrique du 8 avril 2024

Zoom Afrique du 8 avril 2024

Les titres de la rédaction :

  • Madagascar : l’opérationnalisation du 1er tronçon du projet de téléphérique annoncée pour juin 2024
  • La CEDEAO sur le point de lancer son Fonds dédié aux secteurs de l’énergie et des transports, d’ici fin 2024
  • Cuivre : le deuxième plus grand producteur africain veut augmenter sa production à 1 million de tonnes d’ici 2026
  • En 2023, le Rwanda s’est classé premier exportateur mondial de coltan pour la 5e fois en 10 ans

Les analyses de la rédaction :

1. Zimbabwe: fin du dollar, naissance du ZIG 

La Banque centrale du Zimbabwe a lancé la toute nouvelle monnaie nationale. En remplacement du Dollar local, le pays a adopté le Zimbabwe Gold (ZiG), a rapporté l’Agence de presse TASS.  

Selon John Mushayavanhu, gouverneur de la banque centrale du Zimbabwe, « la Banque de réserve du Zimbabwe annonce l’introduction d’une nouvelle monnaie, l’or zimbabwéen/Zimbabwe Gold (ZiG) ». « Cette monnaie sera émise sous forme de billets et de pièces. Toutes les réserves du dollar zimbabwéen y seront transférées. La nouvelle monnaie sera adossée aux réserves de devises étrangères et de métaux précieux extraits dans le pays. Son taux de change par rapport au dollar américain équivaudra à 13,5 Zimbabwe Gold pour un dollar américain », a-t-il ajouté. 

La dépréciation de la monnaie a conduit à ce que plus de 80 % des transactions soient effectuées en dollars et à une accélération de l’inflation à 55,3 % en mars contre 47,6 % le mois précédent. Mushayavanhu a déclaré que le taux d’inflation devrait baisser de 2% à 5% d’ici la fin de l’année en raison des changements monétaires. Il a ajouté que « nous n’allons participer à aucune activité quasi fiscale. Je n’ai pas l’intention de faire le travail des autres ». 

La nouvelle monnaie nationale introduite par la Banque de réserve du Zimbabwe sera liée à un panier de devises et sera adossée à des réserves de devises étrangères et d’or. À partir du 5 avril, la Reserve Bank of Zimbabwe transférera tous les comptes en dollars zimbabwéens vers Zimbabwe Gold, qui circulera dans le pays avec les devises étrangères. 

Trois semaines sont accordées pour le transfert des comptes existants en dollars zimbabwéens vers ZiG. Les pièces et billets ZiG seront émis en coupures de 1 à 200. La nouvelle monnaie sera adossée à des réserves de devises étrangères de 100 millions de dollars et à 2 522 tonnes d’or. 

2. La monnaie de l’AES est déjà prête ! 

L’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, qui dément n’avoir jamais « braqué la Bceao », évoque les relations entre la banque centrale et des pays membres de l’institution financière.    

« Les jeunes gens de l’AES (Alliance des États du Sahel, regroupant le Mali, le Niger et le Burkina Faso) ont déjà lancé leur monnaie. C’est déjà prêt, c’est où le lieu de fabrication qui est en train d’être décidé, mais nous allons voir », a déclaré Laurent Gbagbo. 

Laurent Gbagbo s’exprimait, ce samedi 6 avril 2024, à l’occasion de la deuxième édition de la Fête de la Renaissance organisée par sa formation politique, le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI, opposition), à Agboville, dans le Sud ivoirien.  

« Voyez-vous, petit-à-petit les gens sont en train de couper (le pont) avec Dakar. Je vous le dis, tous les pays lâcheront le FCFA. Avant on avait peur », a laissé entendre Laurent Gbagbo, faisant savoir que son « premier livre sur le FCFA était en 1984 ». 

« En 1984 déjà, je dénonçais le FCFA, mais en ce moment on avait peur. Mais, maintenant tout le monde sait que ce n’est pas bon. Mais je vous dis, regardez d’ici à 10 ans, vous verrez qui est encore à la Bceao de Dakar », a-t-il lancé.  

Pour lui, « les gens vont quitter un à un » la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). Il expliquera pourquoi il a d’ailleurs rompu les liens entre la banque centrale et l’État de Côte d’Ivoire dans le contexte de la crise postélectorale ivoirienne de 2010-2011.  

« Les gens qui disent que Gbagbo a braqué une banque, non seulement c’est faux, mais ils mentent », s’est-il insurgé, avant d’ajouter « s’ils veulent m’accuser, qu’ils m’accusent d’avoir nationalisé deux banques françaises (…) et d’avoir quitté la Bceao de Dakar ». 

« Sur cette question de braquage, dont on m’accuse, j’ai demandé aux responsables de mon parti de présenter tout le déroulé de l’action économique et bancaire, et d’ici mardi, nous allons publier ça dans les journaux en Côte d’Ivoire, pour que chacun lise et se fasse son opinion », a-t-il annoncé.  

« Quand j’étais en prison à La Haye, ils me font un procès ici (en Côte d’Ivoire) et puis on parle de braquage de la Bceao. Moi Gbagbo ? Braquer une banque ? C’est manger qui me manque ? », a-t-il ironisé. 

Selon l’ancien président ivoirien, « ils savent très bien que ce que j’ai fait, ils ne peuvent pas le dire. Parce que s’ils veulent me reprocher quelque chose, il faut qu’ils disent Gbagbo a nationalisé deux banques françaises en Côte d’Ivoire. C’est ça qui est la vérité ».  

« S’ils disent cela, ils savent que les Ivoiriens vont aimer. Sinon ils peuvent dire aussi, Gbagbo a coupé avec la Bceao-Dakar et qu’il a pris son autonomie en Côte d’Ivoire au niveau de la banque centrale, mais ça aussi ils ne peuvent pas dire maintenant parce que c’est ça l’AES est en train de faire actuellement. Et il y a beaucoup d’Africains qui veulent faire ça », a-t-il poursuivi.  

« Oui, j’ai quitté Dakar et érigé notre succursale de la Bceao en Banque centrale. Mais, j’ai été le premier parmi tous ceux qui vont suivre. Plusieurs feront ça. Donc, ils ne peuvent pas dire ça. Ils n’ont plus eu d’autres ressources que de m’arrêter », a souligné M. Gbagbo.   

L’ancien chef de l’État ivoirien a rappelé qu’« ils ont d’abord commencé à menacer l’ex-gouverneur de la Bceao, Dakoury Henri, qui leur a répondu que depuis quand la Bceao s’occupe du règlement des problèmes électoraux (présidentielle) dans un pays ? ».  

Ensuite, « le gouverneur par intérim qui l’a remplacé nous jouait des tours, faisant en sorte que la Côte d’Ivoire (qui pèse 40% dans l’Uemoa) n’ait pas à sa disposition les sommes d’argent dont elle avait besoin. J’ai donc dit que ce n’était pas possible et j’ai coupé le pont avec Dakar », a-t-il révélé.  

« Et j’ai pris la succursale de la Bceao en Côte d’Ivoire comme notre Banque centrale. De ce fait, tout ce que nous gagnons était mis directement dans notre propre Banque centrale. Et c’est donc avec ce système que nous avons continué à payer les fonctionnaires », a-t-il expliqué.  

« Je n’ai pas braqué, mais sinon on sait qui a braqué l’argent de la Bceao. L’agence de la Bceao à Man (ouest) a été braquée, celle de Korhogo (nord) et de Bouaké (centre) ont été braquées pendant la rébellion (de 2002). Où est passé l’argent ? », a-t-il dit. 

3. Sénégal: Paris dans de beaux draps ! 

Ni ministre, ni Secrétaire d’État. La France n’a dépêché aucun membre de son gouvernement le 2 avril à Dakar pour l’investiture du nouveau président élu du Sénégal Bassirou Diomaye Faye. Une absence, certes, très remarquée, mais qui fait le bonheur de certains. 

En pleine controverse sur la tenue de la présidentielle, Paris avait fait le choix de dérouler le tapis rouge à Amadou Ba alors Premier ministre et candidat à la présidentielle, à la faveur d’un séminaire gouvernemental franco-sénégalais. À Dakar, les images du PM-candidat posant tout sourire aux côtés de son homologue français d’alors Elisabeth Borne avaient été perçues comme un adoubement. L’opposant Habib Sy, président du parti « Espoir et modernité », qui s’est désisté à la présidentielle au profit de Diomaye Faye, avait même fustigé une « grave ingérence de la France qui n’a rien compris aux subtilités de la vie politique de ses anciennes colonies francophones ». 

Paris n’avait pas non plus prévu les soulèvements politiques au Sénégal qui ont fait près de 65 morts entre mars 2021, date de la convocation d’Ousmane Sonko « pour viol » et juin 2023 lors de son incarcération à la prison du Cap Manuel, près de Dakar. La France n’a rien vu venir, malgré la montée en puissance du Parti des patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF). Il aura fallu février 2023 pour que l’État français prenne contact avec Ousmane Sonko par le biais des agents de la DGSE (services secrets) dépêchés à Ziguinchor, grande ville de la Casamance, dans nord du pays, dont Sonko est le maire élu. L’entrevue a été suivie en mars 2023 d’une rencontre à Dakar entre Ousmane Sonko et la numéro 2 de la Cellule africaine de l’Élysée Nadège Chouat. 

Pour la France, l’alternance à Dakar est porteuse d’incertitudes. Dans son discours d’investiture, le nouveau président sénégalais Diomaye Faye a promis une « rupture systémique » avec l’ancienne gouvernance et indiqué qu’il partageait les revendications de plus de souveraineté portée par les élites politiques, bien au-delà du Sénégal. Signe qui devrait inquiéter Paris, le nouveau président a clairement revendiqué sa main tendue aux pays de l’Alliance du Sahel (AES, Burkina Faso, Mali, Niger). Le président du Conseil national de transition (CNT) du Mali Malick Diaw et le président de l’Autorité législative de transition (ALT) du Burkina Faso Ousmane Bougouma étaient d’ailleurs aux premières loges à Dakar lors de la cérémonie d’investiture. 

D’autres sujets de frictions devraient rapidement s’inviter dans les relations entre la France et le nouveau président sénégalais. Comme son mentor Sonko, le candidat Bassirou Diomaye Faye avait clairement laissé entendre que le statu quo n’était plus tenable sur le franc CFA. À défaut d’une évolution vers une monnaie commune d’Afrique de l’Ouest, le nouveau président sénégalais n’a pas exclu pendant la campagne de battre une monnaie nationale. À l’aune du panafricanisme et du souverainisme revendiqué près de 19 fois dans le discours d’investiture, la France doit avoir de bonnes raisons de s’inquiéter également sur l’avenir des 350 soldats des Eléments français du Sénégal (EFS) stationnés à Dakar. Le PASTEF plaide clairement pour l’élargissement de la coopération sécuritaire à d’autres partenaires, y compris la Russie qui a le vent en poupe au Sahel. 

Outre les relations bilatérales franco-sénégalaises, les mutations imposées par l’arrivée de Bassirou Diomaye Faye devraient concerner les entreprises françaises qui sont jugées en position hégémoniques dans de nombreux domaines de l’économie sénégalaise. Preuve de ce ras-le-bol : dix des quatorze magasins du groupe français Auchan avaient été brûlés lors des violences politiques qui ont secoué le Sénégal entre mars 2021 et juin 2023, car le groupe français détruisait l’économie locale. Des stations-service de Total, autre multinationale française fortement présente au Sénégal, avaient été saccagés par des émeutiers qui s’en étaient également pris aux boutiques de l’opérateur de téléphonie français Orange. Une autre grande entreprise française du secteur ferroviaire français, la SNCF, est le partenaire de référence de l’État du Sénégal dans la construction et l’exploitation du Train express régional (TER) de Dakar alors que le groupe de BTP Eiffage a construit l’autoroute Dakar-Diamnadio sous le régime du partenariat public-privé (PPP). Ce qui suppose qu’il exploite l’autoroute pendant plusieurs années afin de rentrer dans les fonds qu’elle a investis. 

« Nous ne sommes pas contre la France, mais pour le Sénégal. Dire que je préfère le Sénégal, ne veut pas dire que je déteste la France. Ce que nous voulons, c’est un partenariat gagnant-gagnant », avait assuré Diomaye Faye avant son investiture comme candidat du PASTEF. 

Devenu ensuite candidat puis président, la posture de l’inspecteur des Impôts de 44 ans n’a pas changé. « Le Sénégal, a-t-il déclaré mardi, restera le pays ami et l’allié sûr et fiable de tout partenaire qui s’engagera avec nous dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive ». 

Derrière la sérénité affichée par les officiels français, se cache toutefois la crainte d’une rupture brutale avec le Sénégal qui reste, avec la Côte d’Ivoire et le Tchad, les derniers bastions de la France en Afrique de l’Ouest après les revers militaires et diplomatiques subis au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Anticipant sur les évolutions que va forcément réclamer Bassirou Diomaye Faye, Paris a tenu à lui donner des gages de bonne foi. Avant même la proclamation officielle des résultats, le président Macron lui a adressé ses félicitations en français et en wolof (première langue nationale du Sénégal) sur le réseau social X (ex Twitter). L’Élysée a également fait fuiter l’appel téléphonique entre Macron et Diomaye Faye le vendredi 29 mars, assurant qu’il a duré près d’une demi-heure histoire de bien montrer que la France à la main mise sur le Sénégal, malgré l’arrivée du nouveau président. Chaque chose en son temps. Lors du premier coup de force au Mali, les nouvelles Autorités s’étaient empressées de dire que les relations entre le Mali et la France resteraient intactes et que l’armée française resterait au Mali. La suite, tout le monde la connait. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV